TABLE DES MATIÈRES: Animation communautaire

1. Mise en confiance

2. Le tout à gérer

3. Organisation de la communauté

4. Prévention et résolution des conflits


Le crocodile à lunettes

par John Hall

Montage de modules d'animation visant à l'acquisition, par les communautés pastorales, des compétances nécessaires à la gestion holistique de leurs ressources.

Certains droits reserves. Vous pouvez copier et distribuer ce manuel ou des parties de celui-ci si vous (1) indiquez les auteurs originaux, (2) incluez la presente notice, et la licence de copyright ci-dessous, et (3) pour des extraits, si vous etablissez le lien suivant permettant d'acceder au manuel complet. Les versions Anglaises et Francaises sont disponibles a:

http://managingwholes.com/crocodile/

Si vous traduisez, adaptez, alterez, transformez, ou developpez un nouveau materiel a partir de ce manuel, vous devrez distribuer le produit de ce travail sous une licence identique a celle-ci, comprenant la presente notice. Si possible, transmettez sa copie electronique pour distribution publique (a travers managingWholes.com) et addressez le lien a l'auteur:

l'auteur

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Creative Commons licence:

http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/1.0/


PREMIER BLOC PÉDAGOGIQUE

ANIMATION
COMMUNAUTAIRE

 



Introduction au bloc pédagogique d'animation communautaire (5 minutes)

 

Ø      Salutation d'usage et mise en place des participants

 

¨      Saluer les membres de la communauté et les notables présents en langue locale selon les pratiques d'usage;

¨      Laisser le soin au membre de la communauté de répondre et de s'exprimer.

¨      Ne pas laisser la communauté se précipiter à énumérer et répéter la liste des demandes et récriminations habituelles;

 

Ø      Introduction

 

¨      Expliquer tout d'abord aux villageois ce que les visiteurs sont venus faire chez eux. Faire le lien avec ce que la personne les ayant contactés leur aura préalablement expliqué (à discuter avec cette personne avant la visite)

¨      Prévenir les villageois que la manière d'opérer de ce programme n'a rien à voir avec ce dont ils ont probablement l'habitude avec l'administration et les bailleurs de fonds;

¨      Leur annoncer qu'au lieu de leur demander d'écouter l'animateur sans rien dire, ce sera à eux de faire l'essentiel du travail. On leur demandera de se livrer à toutes sortes d'exercices qui, parfois, pourront les surprendre, (se réunir en petits groupes de discussion, jouer des petites scènes, imaginer le futur de leur communauté, s'organiser et prendre des décisions pour améliorer leur situation, etc…);

¨      Insister sur le fait que ce cycle d'animation va demander beaucoup de temps et d'énergie. Même si l'observation de très nombreuses images et les jeux sont intéressants et même amusants, insister sur le fait que cela reste trés sérieux et important pour leur avenir, et celui de leur village.

¨      C'est peut être le moment que l'animateur choisira pour présenter le "badge" du cycle d'animation: le crocodile à lunettes, en expliquant de quoi il s'agit: cette présentation est essentielle car elle sera l'occasion de présenter, même brièvement, l'objectif même dy cycle d'animation.

 

Ø      Présentation de l'équipe

 

La personne qui a établi le contact avec la communauté présente les membres de l'équipe d'animation (animateur et personnes ressources), et indique qu'il serait souhaitable que, dans la mesure du possible, un membre de la communauté sachant lire et écrire dans leur langue, joue le rôle de "secrétaire" et assiste à toutes les sessions d'animation. Il invite alors le chef de village et tous les membres de la communauté à se présenter à leur tour.

 

Ø      Présentation du bloc pédagogique

 

Une fois les présentations faites, il est temps d'annoncer la façon dont la session d'animation a été programmée, en accord avec la communauté elle même (ou ses représentants): Durée du cycle en nombre de jours; jours de la semaine où des sessions auront lieu, durée de chaque sesssion, composition des groupes cibles participant aux différentes sessions, etc…

 

A la suite de quoi, l'animateur explique brièvement que le montage du cycle de formation est composé de neuf "blocs pédagogiques" différents, chacun traitant d'un aspect particulier. Annoncer que le premier bloc traite des relations entre les gens: au sein de la communauté elle-même, et entre la communauté et les gens de l'extérieur de celle-ci.

 

Le premier groupe de sessions d'animation comportera quatre sessions différentes dépendant les unes des autres, de même que chacun des quatre doigts de la main a besoin du pouce et des autres doigts pour pouvoir prendre quelque chose. C'est la raison pour laquelle ce groupes de sessions sera représenté par une main ouverte. L'animateur montre le "badge" du bloc pédagogique: il le fixe sur le flip-chart ou un mur en expliquant que chaque fois qu'un nouveau module aura été couvert, il sera fixé à coté des autres afin qu'on puisse mesurer le chemin parcouru.

 


MODULE # 1

ANIMATION
COMMUNAUTAIRE

MISE EN CONFIANCE

 

 

PLANIFICATION PÉDAGOGIQUE

 

Situation désirée:

 

                        La mise en confiance de la communauté est la première étape (et elle est décisive), de tout processus d'acquisition de nouvelles capacités par le groupe. Si le processus de mise en confiance est convenablement géré, on observe:

 

¨      Qu'il existe un équilibre dans le dialogue entre les différents interlocuteurs au sein de la communauté pastorale, et avec le formateur;

¨      Que chaque groupe socio-économique a la possibilité d'exprimer son point de vue;

 

Situation actuelle:

 

Cependant, dans la réalité, la situation est généralement différente:

¨      On observe une confusion ou, tout au moins, une méfiance de la communauté à l'égard des interlocuteurs extérieurs (dont l'équipe d'animation);

¨      La structure de pouvoir au sein de la communauté traditionnelle limite souvent l'expression de tous ses membres;

¨      Des stratégies de négociation figées sont employées avec les interlocuteurs extérieurs (énumération de listes de demandes ou de récriminations), qui peuvent bloquer la communication;

¨      Les communautés ont tendance à attendre de l'intervenant extérieur qu'il leur dicte ce qu'elles doivent faire (ce qui ne veut pas dire qu'elles aient l'intention de le faire), et pas qu'il les invite à prendre l'initiative;

 

Ecart entre la situation actuelle et la situation désirée:

 

Par conséquent, les insuffisances que le module devrait permettre de corriger, sont les suivantes:

 

¨      les règles du jeu des sociétés traditionnelles ne permettent pas à tous leurs membres de s'exprimer librement;

¨      permet pas de mettre à profit l'énorme potentiel de connaissances et d'expérience représenté par l'ensemble des membres de la communauté;

 

 

 

 

Premier contact entre l'équipe d'animation et la communauté du village de Keur Martin (Sénégal): chacun s'observe attentivement (23/01);

 

 

Objectifs poursuivis par le module:

 

                A la fin de la session, les participants pourront

 

¨      s'exprimer librement et conformément à de nouvelles règles du jeu dont on aura convenu ensemble;

¨      décrire les éléments essentiels de la situation de leur village et des points de vue des différents groupes qui constituent cette communauté;

 

ASPECTS LOGISTIQUES

 

Groupe cible:

                Ensemble de la communauté, avec représentation de toutes ses composantes:

¨      hommes-femmes,

¨      jeunes-vieux;

¨      pasteurs-agriculteurs, etc…

¨      représentants des autres utilisateurs des ressources (transhumants, outsiders) s'ils sont disponibles.

 

Exercices SARAR exploités par le module:

                Images en désordre;(Srinivasan, p. 89)

 

Supports graphiques:

Pochette # 1

 

Durée approximative du module:

                   45 minutes environ;    

 

PROCESSUS DE MISE EN OEUVRE

 

1. Introduction de l'exercice (Images en désordre) (20 minutes)

 

Débuter en présentant aux participants l'exercice auquel on leur demande de se livrer:

 

¨      On leur remet tout d'abord une série d'images (images en désordre) qui ont été élaborées pour stimuler leur réflexion;

¨      En se basant sur ces images, on leur demande d'inventer une petite histoire en rapport avec leur vie quotidienne, et de la raconter;

¨      Limiter la présentation à ces quelques mots car il faut éviter d'orienter le groupe, mais plutôt l'inviter à s'exprimer.

 

2. Déroulement de l'exercice

 

¨      Placer l'ensemble des images sur la natte au milieu du groupe, en s'assurant que les femmes et les jeunes ne soient pas éloignés du centre et en leur rappelant que tous les membres de la communauté sont invités à participer à l'exercice.

¨      En s'appuyant sur la maitrise des communautés de tradition orale de l’art de raconter des histoires, demander au groupe de sélectionner au hasard quelques images et d'inventer une histoire, en donnant un nom au village où l'histoire se déroule et aux personnages qui interviennent.

¨      Rappelez-leur que l'histoire doit comprendre une intrigue: c'est à dire un commencement, un développement et une fin. Accorder 15 à 20 minutes pour la tâche.

¨      Une fois la préparation terminée, inviter le groupe à raconter son histoire tout en présentant les images choisies pour illustrer l'enchaînement des événements.

¨      Au cas où cet enchaînement ne s'opèrerait pas convenablement, avant de passer à l'étape suivante, l'animateur peut proposer un bref exemple d'histoire.

 

3. Exploitation de l'exercice (30 minutes)

 

Demander au groupe de noter les questions clés et les thèmes qui ont ont été soulevés par la présentation de leur histoire. Si nécessaire, inviter le groupe à réfléchir plus en détail à ces questions et à ces problèmes. Noter déjà à ce stade que les séances ultérieures du programme seront l'occasion d'aborder certaines de ces questions. Exemples de questions qui pourraient encourager les échanges propres à permettre l'exploitation de l'exercice:

 

¨      L'anecdote présentée était elle imaginaire ou réelle?

¨      S'il s'agissait d'une situation réelle, comment le problème a t-il été résolu ?

¨      Existe t-il encore des situations similaires actuellement?

¨      Selon le groupe, s'agissait-il d'une situation vraiment sérieuse, ou existe t-il des problèmes plus graves qui doivent être étudiés?

4. Transition vers la prochaine session de formation (5 minutes)

 

                Cet exercice aura permis de constater que la communauté rencontre des difficultés mais, qu'en même temps, elle dispose de ressources pour les résoudre. La session suivante devrait permettre d'identifier les ressources dont dispose la communauté et de clarifier la façon dont elles sont exploitées. Il s'agit d'établir le tout à gérer de la communauté. Pour cela, le groupe sera invité à utiliser un outil que tout le monde connait: la confection de cartes, mais qui sera ici employée de façon différente.

 

NOTES À L'ANIMATEUR

 

q       La session de formation se tient généralement à l'ombre des arbres où les villageois ont l'habitude de se retrouver.Le facilitateur veille à ce qu'un minimum de confort soit assuré avec installation de nattes et que de l'eau soit disponible pour les participants.

q       Un point essentiel dont dépendent les résultats de l'exercice est la façon dont les participants se distribuent sur ces nattes: aucun groupe ne doit être marginalisé si l'on souhaite la participation active de tout le groupe.

q       Cette expérience renforcera sans doute l'observation selon laquelle l'exploitation de supports graphiques neutres et ouverts à différentes interprétations peut être un outil trés utile. Cela à travers les anecdotes qui en sortiront, et des discussions qu'elles provoqueront. Le choix du matériel graphique est trés important pour le succés de l'exercice.

q       Prendre garde à toujours dire "nous",ou "on" dans le dialogue avec les communautés, et à éviter de dire "je" ou "vous";

q       Attention!: Le processus participatif qui se trouve créé peut entraîner quelques problèmes par la suite, dans la mesure où les participants seront tentés de profiter de cette nouvelle liberté de s'exprimer en dehors de la stricte discipline qu'ils s'imposent dans d'autres circonstances. L'animateur doit en être conscient.

q       L'animateur peut mettre à profit la présence, dans le groupe, d'une personne sachant lire et écrire dans le language local, en le nommant "secrétaire" de la communauté et en le chargeant de mettre sur le papier les points saillants de la discussion pour les restituer ensuite au reste de la communauté. Dans ce cas, il faudra veiller à maintenir un équilibre entre le matériel écrit et non écrit (images); Cette observation est valable pour tous les modules du cycle d'animation.

q       Avant de continuer avec les modules suivants, s'assurer que tous les groupes constitutifs de la communauté sont représentés dans le groupe.

q       En plus des questions, et des sujets de discussion suggérés dans le manuel pour chaque module, l'animateur doit s'efforcer d'en imaginer de nouveaux en fonction dont la session d'animation se déroule. Poser de nombreuses questions commençant par Pourquoi? Comment? Quoi encore? Que se passerait-il si? Eviter absolument des questions commençant par "est-ce que…? Ces questions "fermées" n'exigent qu'un effort limité pour y répondre, et placent les participants dans une situation "scolaire" que l'on veut précisément éviter.

q       Ne pas hésiter à monter les enchères sur le niveau du savoir des communautés! En fait, elles connaissent infiniment plus de choses que nous sur leur environnement. Notre travail n'est pas d'extraire des masses d'information (que de toute façon, nous ne saurions jamais exploiter), mais d'aider le groupe à mieux organiser ce qu'il sait déjà, de manière à le rendre plus efficace.

q       Le silence n'est jamais une mauvaise chose: Quand l'animateur pose une question exigeant un peu de réflexion et d'analyse, accorder un peu de temps au groupe pour réfléchir, sans faire de bruit, et sans le pousser trop vite vers les étapes suivantes;

q       Toujours, conclure les exercices en aidant les participants à appliquer ce qu'ils ont appris à leur situation réelle: C'est la raison pour laquelle nous travaillons avec eux!

q       Deux observations, enfin:

¨      La mise en confiance s'opère à deux niveaux: d'une part, à l'intérieur de la communauté elle-même, entre les différents groupes qui la constituent, et, d'autre part, entre la communauté et les interlocuteurs extérieurs: voisins immédiats et éloignés, administration, services techniques;

¨      Le processus de mise en confiance peut ne pas donner de résultats immédiats, ce qui compte, c'est de lancer le processus.



MODULE # 2

ANIMATION COMMUNAUTAIRE

LE TOUT À GÉRER

 

 

PLANIFICATION PÉDAGOGIQUE

 

Situation désirée:

 

                Pour qu'une communauté soit en mesure de gérer convenablement ses ressources, au terme de la mise en oeuvre de ce cycle de développement des capacités, elle sera en mesure d'identifier son "tout à gérer", comme composé de:

                       

¨      L'espace constituant l'environnement de cette communauté (sol. végétation): celui de son terroir, et aussi celui qu'elle exploite épisodiquement en dehors de celui-ci (transhumance);

¨      Tous les usagers (résidents, voisins, ramasseurs de paille et de bois, transhumants, nomades), leurs traditions et leur culture;

¨      Les ressources (financières, bétail, installations, équipement), bref, tout ce qui présente une valeur d'argent;

 

Situation actuelle

 

Cependant, dans la réalité, la situation est plutôt la suivante:

 

¨      En ce qui concerne le territoire, il existe souvent des conflits sur sa délimitation;

¨      Non reconnaissance des droits de tous les usagers et, notamment des ayant droits ne faisant pas partie de la communauté (outsiders);

¨      Il est impossible de connaître les mouvements des animaux et de prévoir leurs déplacements;

¨      En fait, il s'agit d'une juxtaposition de stratégies individuelles d'exploitation (chacun pour soi);


 

Ecart entre la situation actuelle et la situation désirée:

 

Par conséquent, les insuffisances que le module de formation devrait permettre de corriger sont les suivantes:

 

¨      Absence de consensus sur les modalités d'accès aux ressources naturelles (par exemple, absence d'un programme rationnel de pâturage);

¨      Non prise en compte des besoins de tous les usagers;

¨      Absence de transparence/ programmation dans la conduite des troupeaux; Exploitation non concertée des parcours;

 

 

 

 

Une femme suggère d'ajouter et de modifier certaines informations portées par les hommes sur la carte villagoise de Keur Martin (Sénégal); (22/14)

 

 

Objectifs poursuivis par le module

 

:               A la fin de la session, les participants pourront:

 

¨      Identifier toutes les ressources qui permettent à leur communauté de survivre (pastorales, agricoles, infrastructures, etc…)

¨      Identifier tous les usagers (permanents et périodiques) ayant accés à ces ressources;

¨      Expliquer pourquoi tous les usagers doivent être impliqués dans les décisions portant sur ces ressources (gestion rationnelle, prévention des conflits);

¨      Dessiner une carte villagoise, ou tout au moins, la corriger, pour une utilisation ultérieure;

 

ASPECTS LOGISTIQUES

 

Groupe cible:

                Ensemble de la communauté, avec représentation de toutes ses composantes:

¨      hommes-femmes,

¨      jeunes-vieux;

¨      pasteurs-agriculteurs, etc…

 

Exercices SARAR exploités par le module:

                Cartographie de village, (Srinavasan, p. 99)

 

Matériel nécéssaire

Pochette # 2

Papier bristol de 50x65 cms.

Crayons, gommes, marqueurs feutre;

 

Durée approximative du module:       

                   2 heures   

 

PROCESSUS DE MISE EN OEUVRE

 

1. Présentation de l'exercice (10 minutes)

 

¨      Introduire cet exercice en expliquant qu'avant de pouvoir envisager la solution les problèmes soulevés au cours de l'exercice précédent, il est nécessaire de faire l'inventaire du "tout a gérer" de la communauté.

¨      Avant de parler de la confection de la carte villageoise, demander au groupe comment on pourrait envisager de procéder à un tel inventaire,

¨      Expliquer alors qu'on procèdera à cet inventaire en dessinant la carte du village.

2. Déroulement de l'exercice (60 minutes)

 

¨      Rassurer le groupe en l'assurant que l'exercice ne consiste pas à faire un travail artistique; ce qui est essentiel c'est de représenter ce qui est réellement important aux yeux des participants;

¨      Donner le papier poster et les marqueurs au groupe, en s'assurant encore une fois que les femmes et les jeunes (et d'autres groupes s'il y en a) ne soient pas éloignés du centre.

¨      Préciser que toutes les personnes présentes sont invitées à participer à l'exercice en partageant avec les autres participants leurs observations et leur connaissance du milieu;

¨      Insister pour que la carte représente tous les éléments qui leur semblent importants: l'espace, (ou comme on l'appellera par la suite, le paysage), les usagers (membres de la communauté ou non) et les ressources -(constructions, puits, etc…-);

¨      S'assurer que le groupe a identifié quelques bons "repères" pour dessiner la carte;

¨      Si le groupe ne parvient pas a terminer la carte dans le temps prévu (une heure ou deux), il pourra continuer l'exercice plus tard, ou le lendemain. En effet, comme cet exercice est à l'origine d'informations précieuses et qu' il apporte des éclaircissements importants, il vaut mieux ne pas bousculer les participants.

 

3. Présentation de la carte par le groupe (20 minutes)

 

                Quand la carte est terminée, demander aux participants de faire ensemble le "tour” de leur carte, et d'en commenter les éléments. Outre la topographie, les ressources, et la distribution de la population à l'intérieur du village, les explications des participants pourraient porter sur les points suivants:

 

¨      les conditions de vie des habitants, notamment ce qui, à leurs yeux, est positif (équipements, approvisionnement), et ce qui pose problème;

¨      représentation de la nature des rapports entre les membres de la communauté représentés;

 

                Assurez vous de féliciter le groupe pour un bon travail: (aplaudissements).

 

4. Exploitation de l'exercice, questions; (20 minutes)

 

Pour aider la réflexion après la présentation de leur travail par les participants, les questions suivantes pourront leur être posées:

 

¨      La préparation de cette carte leur a t-elle permis de répondre à des questions qu'ils se posaient auparavant?

¨      Les participants ont-ils obtenu des informations qu'ils ignoraient des autres membres du groupe? lesquelles?

¨      L'exercice a t-il permis d'éclaircir qui a un pouvoir de décision sur l'exploitation des ressources, et qui les exploite effectivement?

¨      La gestion des ressources fait-elle l'objet d'une concertation entre les usagers? existe t-il des formes d'organisation des usagers? Lesquelles?

¨      En dehors des éléments que le groupe a représentés, quelles sont les autres ressources importantes pour la vie de la communauté et qui n'ont pas été ou pas pu être représentées? (généralement le parcours, se situant en dehors du village);

¨      A part les usagers qui ont été identifiés au cours de l'exercice, y en t-il d'autres dont il faudrait également tenir compte? Lesquels? D'où viennent-ils? Quand?

¨      Quels sont les rapports de la communauté avec les usagers extérieurs?

¨      Existe t-il un système de communication avec eux? Les villageois sont-ils prévenus de leur venue?

¨      Cela provoque t-il des conflits? Lesquels?

¨      Existe t-il (dans le cas des membres de la communauté pratiquant la transhumance) des ressources non représentées sur la carte, mais faisant partie du "tout à gérer" (cures salées);

¨      Lorsque la communauté exploite temporairement de telles ressources éloignées de son terroir, rencontre t-elle des problèmes? Lesquels? De quelle gravité et avec quelle fréquence?

 

NOTES À L'ANIMATEUR

 

q       Cet exercice est particulièrement utile, initialement, pour faire ressentir au groupe la spécificité de l'approche et , à un stade ultérieur, dans les activités de programmation.

q       Bien entendu, pour être efficace, l'exercice doit être effectué par l'ensemble de la communauté; à ce titre, l'animateur évitera que la confection de la carte soit contrôlée par des gens les mieux éduqués (enfants scolarisés, ou commerçants complaisants);

q       Bien entendu, l'exercice a pour principal objet de permettre à la communauté de préciser sa perception de l'organisation du terroir et des problèmes qui'elle peut rencontrer dans l'exploitation des ressources. Sur le terrain, cela lui permettra de se convaincre de la nécessité d'impliquer tous les intervenants dans la gestion des ressources.

q       Si on choisit de ne préparer qu'une seule carte de village pour l'ensemble de la communauté, il faut que tous les groupes du village participent à l'exercice, soit ensemble, soit successivement. Dans ce cas, la carte, initialement préparée par les hommes est ensuite soumise à l'observation des femmes. Les hommes devront cependant continuer de participer en écoutant attentivement ce que les femmes ont à dire.

q       Point important: où la carte doit-elle être conservée? et par qui? Comment s'assurer que c'est un outil qui continuera à être utilisé (notamment au cours de modules ultérieurs);

q       Attention! Ne pas conduire cet exercice comme une activité MARP visant à permettre à l'équipe d'animation d'extraire de l'information du groupe, mais plutôt comme un moyen mis à la disposition de la communauté pour lui permettre de procéder` elle même, à l'inventaire de ses ressources;

q       Il est important de ne pas critiquer le travail du groupe, dans la mesure où l'exercice devient un moyen d'expression. Par exemple, si les participants choisissent de représenter quelque chose de décoratif, ou hors d'échelle: laissez les faire!

q       Variante 1: Il est possible de distribuer quelques personnages "flexi-flans" pour les disposer sur la carte,

q       Variante 2: Le groupe peut aussi choisir de commencer à dessiner la carte sur la poussière du sol, puis de la transposer ensuite sur le papier. Cela permet, d'une part, aux timides de mieux participer car il n'est pas nécessaire de tenir un feutre, les erreurs peuvent être corrigées facilement et, surtout, cela rend plus facile le choix de l'échelle de la carte: représentation du village seul? des terrains alentour? ou de la totalité du terroir?

q       Variante 3: Transect dans le village: Si le temps le permet, la confection de la carte villageoise peut être suivie d'une visite du village (transect) au cours de laquelle le groupe présente les éléments qui ont été dessinés sur la carte. Rappelons encore que le transect ne vise pas l'extraction d'information, l'animateur reste donc réservé, il se laisse guider par le groupe et s'abstient de formuler tout commentaires ou recommandations.


MODULE # 3

ANIMATION
COMMUNAUTAIRE

ORGANISATION DE LA
COMMUNAUTÉ

 

 

PLANIFICATION PÉDAGOGIQUE

 

Situation désirée:

 

¨      Existence, au sein de la communauté, d'une organisation pastorale fonctionnelle;

¨      Les interlocuteurs au sein de la communauté sont bien ciblés (tous les groupes constitutifs sont représentés);

¨      Les organisations sont fonctionnelles: les rôles et responsabilités de ces interlocuteurs sont clairement définis, et assumés;

 

Situation actuelle

 

¨      Confusion dans les rôles respectifs des différents membres de la communauté;

¨      Conflits fréquents entre organisations nouvelles et structures traditionnelles;

¨      Souvent, les notables contrôlent et manipulent les décisions;

¨      Les organisations nouvelles ne fonctionnent pas toujours comme elles le devraient;

¨      Parfois les canaux de communication avec ceux qui devraient être les interlocuteurs, n'existent pas;

Ecart entre la situation actuelle et la situation désirée

 

¨      Résistance au changement;

¨      Nouvelles structures ne remplissant pas leurs fonctions;

¨      Sous valorisation des ressources existant au sein de la communauté en matière de connaissances, d'expérience et d'organisation.

 

Objectifs poursuivis par le module

 

A la fin de la session, les participants pourront

 

¨      Décrire les organisations communautaires existantes et envisagées: leur composition, leur rôle et leur fonctionnement;

 

 

 

En fait, il est exagéré de parler d'organiser des communautés qui l'ont toujours été ! (ici les éleveurs du site de Fadjé Djékiné, au Tchad). (41/08)

 

 

ASPECTS LOGISTIQUES

 

Groupe cible:

Ensemble de la communauté

 

Exercices SARAR exploité par le module:

·        Diagramme de Venn

·        Brainstorming

 

Supports graphiques

Pochette #3

·        Papier bristol format poster

·        Marqueurs, crayons,

·        Images désordonnées: les personnes impliquées dans la prise de décision

·        Images désordonnées: les tâches requises;

 

Durée approximative du module:

2 heures;

 

PROCESUS DE MISE EN OEUVRE:

 

1.    Identification des individus et des groupes dont les décisions peuvent affecter la communauté; (20 minutes)

 

Demarrer la session en faisant référence à la confection de la carte villageoise au cours de l'exercice précédent qui visait à définir "le tout à gérer". Souligner l'importance du prochain exercice, et expliquer qu'il consistera à présenter au groupe les moyens de s'organiser de manière à pouvoir mettre en oeuvre les actions visant à atteindre les buts de la communauté.

 

Démarrer en expliquant que, de la même manière que nous avons dessiné la carte du village et montré les ressources physiques qui existaient, il s'agit maintenant d'identifier les ressources humaines. Procéder à un mini-brainstorming visant à identifier les individus et les groupes (formels et informels) dont les décisions peuvent affecter, d'une manière ou d'une autre, la communauté elle-même.

 

A mesure que ces individus et organisations sont mentionnés par le groupe, leur demander de choisir parmi les images en désordre de la série "preneurs de décisions" de la pochette # 3, la représentation la plus appropriée. Une fois que tous les "décideurs" auront été identifiés, s'assurer qu'on dispose d'une image spécifique pour chacun d'entre eux. Au cas où cette image n'existe pas, demander à un participant de la dessiner sur un carton.

 

·        Groupement féminins

·        Gestionnaire de la tontine (si elle existe)

·        Comité de gestion du point d’eau/ puits/ forage, s'il existe

·        Personne en charge de l'infrastructure villageoise: grenier, moulin, etc…

·        Chef de village ou de campement;

·        Représentant des agriculteurs

·        Représentant des pasteurs

·        Représentant des bergers

·        Représentant des chasseurs, pêcheurs, etc…

·        Représentant des pasteurs transhumants (s'il y en a)

·        Conseil Rural

·        Encadrement technique: élevage, extension agricole…

·        Autorité administrative: Commandant de cercle, sous prefet,

·        etc…

 

2.    Exploitation: Analyse des centres de décision (30 minutes)

 

Il est alors possible d'utiliser chacune de ces images comme le point de départ d'un diagramme de Venn "vivant"; on peut, par exemple, placer chacune de ces images sur la carte villageoise préparée au cours de l'exercice précédent. Cela permet de distinguer entre les individus et les groupes se trouvant à l'intérieur et à l'extérieur de la communauté. Provoquer une discussion quelque peu détaillée pour chacun de ces "centres de décision". Vous pourrez, pour chacun d'eux couvrir les points suivants:

 

·        Qu'est ce que cet individu ou ce groupe accomplit? Quelle est son importance pour le fonctionnement de la communauté?

·        S'il s'agit d'un groupement, qui en fait partie?

·        Comment est née la capacité de cet individu ou de ce groupe de se constituer en preneur de décision affectant le reste de la communauté?

·        Quels sont les membres de la communauté qui sont affectés par les décisions prises par ce "preneur de décision", individu ou groupement?

 

Demander au groupe d'exprimer ce que les "preneurs de décisions" font pour leur communauté, et comment ils fonctionnent: sont ils en conflit ou se complémentent t-ils les uns les autres? Vous en arriverez à faire en sorte que le groupe puisse juger si les besoins de la communauté sont satisfaits, ou s'il existe encore des tâches qui ne sont pas remplies du point de vue de la gestion des ressources communautaires.

 

Ne pas laisser le groupe discuter de ce qui existe dans les principes ou "sur le papier", Encourager le groupe a réfléchir sur l'efficacité de la "prise de décision" dans leur communauté. Il est essentiel d'être clair dès le début qu'il n'est pas question de discuter simplement de la création d'un nouveau "Comité" qui viendrait s'ajouter à ceux qui existent déjà. cherchez à faire réfléchir le groupe sur l'expérience passée en matière de prise de décision et d'organisations, de manière à ce qu'il puisse apprendre à partir des erreurs passées. Les questions suivantes (mais pas nécéssairement toutes, ni dans cet ordre particulier) pourront être utiles pour faire avancer la discussion:

·        Existe t-il différents individus ou groupements qui semblent être chargés de la même tâche? Résultats?

·        Existe t-il des membres de la communauté participant à différents groupements? Pourquoi? Ont-ils des capacités particulières qui les rendent utiles à ces groupes?

·        Existe t-il des groupes ou des besoins qui ne sont pas représentés, mais qui devraient l'être?

·        Y a t-il des groupes ou des besoins au sujet desquels on a envisagé de s'organiser, sans que cela soit possible? Pourquoi?

·        Y a t-il des preneurs de décisions, ou des groupements qui sont plus actifs que les autres? Lesquels? Pourquoi?

·        Y a t-il des preneurs de décisions, ou des groupements qui ne fonctionnent pas bien? Lesquels? Comment cela s'est-il produit?

·        Quelles sont les raisons pour lequelles certains preneurs de décisions et groupements s'avèrent plus efficaces que les autres?


 

3.    Brainstorming: Rôles et fonctions à assurer (20 minutes)

 

Introduire l'idée selon laquelle la prise de décision concernant la gestion des ressources communautaires est d'autant plus efficace que le rôle et l'autorité de la personne ou du groupement chargé de cette décision sont clairement définis.

C'est dans cet esprit que les participants pourraient envisager de créer une organisation chargée de la gestion des ressources pastorales de leur communauté. Il leur faut donc réfléchir sur la façon de s'organiser. Il est possible que des changements s'avèrent ultérieurement nécéssaires, à mesure que la communauté accumulera de l'expérience, et qu'elle découvrira de nouvelles tâches qui mériteraient d'être prises en compte, mais ce serait une bonne idée de commencer tout de suite.

 

Demander au groupe de faire un mini-brainstorming visant à imaginer les différentes tâches qui devraient être exécutées de manière à gérer convenablement les ressources du village. S'inspirer de la même approche que de celle qui a été suivie au début du module: Pour chaque idée surgissant du brainstorming, demander au groupe de choisir l'image convenable dans la série "tâches à exécuter" de la pochette # 3;

 

Ci dessous, la liste des tâches que le groupe est susceptible d'identifier; s'il ne les couvre pas toutes, ne pas lui faire "avaler de force" cette liste: cela veut dire qu'il sera nécéssaire de réviser cette liste une fois que le groupe aura acquis une idée plus claire de ce qui est nécessaire pour procéder à la gestion holistique des ressources:

 

·        Diffusion de l’information à l’intérieur de la communauté

·        Communication avec les autres communautés (frontalières et transhumantes)

·        Communication avec l'administration et les services techniques

·        Participation à la formation

·        Programmation (confection du plan de gestion)

·        Autorité (propriété) sur les troupeaux

·        Conduite des troupeaux surles parcours

·        Traite et élevage des jeunes

·        Abreuvement des animaux

·        Suivi des changements intervenant sur leur environnement;

·        Protection des parcelles cultivées

·        Surveillance / protection autour du site

·        Enregistrement des évènements

·        Suivi sanitaire

·        Gestion de la petite caisse,

·        etc….


 

4.    Brainstorming: Qui fait quoi? (40 minutes)

 

Expliquer qu'il faut maintenant imaginer ensemble qui doit être chargé d'exécuter quelles tâches. Distribuer les images qui ont été choisies pour illustrer les tâches (étape 3) en une colonne verticale, et demander au groupe de s'entendre pour décider quelle serait la personne ou groupe de personne qui doit être associé à cette tâche. Etre très clair sur le fait qu'il ne s'agit pas d'indiquer "qui devrait superviser", mais concrètement qui devrait être impliqué dans la prise de décision et dans l'exécution de ces décisions.

 

¨      Est-ce que les tâches identifiées pourraient être intégralement effectuées par les personnes et les groupes de "preneurs de décision" existants? Sinon, qui d'autre pourrait/ devrait être associé au processus de prise de décision pour les tâches qui n'auraient pas encore été prises en charge?

¨      Lorsqu'une tâche donnée peut être assurée par une personne ou un groupe identifié au cours de la première étape de l'exercice, placer l'image de cette tâche en face de celle de cette personne ou de ce groupe;.

¨      Lorsqu'au contraire, personne ne semble en charge, ou en mesure d'assumer une tâche donnée, demander au groupe quel pourrait être la personne ou le Comité qui pourrait en être chargé.

¨      A ce stade, il est possible de proposer des images non utilisées antérieurement et représentant d'autres personnes ou groupes qui pourraient/ devraient être impliqués.

 

La liste pourrait ressembler à ceci:

 

Fonction/tâche

Personnes/ Comités impliqués

 

Diffusion de l’information au sein de la communauté

 

 

Aspects sociaux: Chef de village

Aspects techniques: Auxiliaire

 

Communication avec les autres communautés

 

 

Comité de surveillance et d’accueil

Communication avec l'administration et les services techniques

Conseiller rural au niveau du site ou du terroir

Participation à la formation (s'entendre sur les Groupes cibles)

Chef de village, Comité de gestion pastorale, auxiliaire,

Programmation de la gestion des ressources (confection du plan)

"Noyau dur" pastoral: Comité de gestion, femmes, bergers,

Autorité sur les troupeaux

Représentant des éleveurs et propriétaires

Conduite des troupeaux sur les parcours

Représentant des bergers

Traite et élevage des jeunes

Femmes

Abreuvement des animaux

Femmes, comité de gestion de l’eau

Suivi de l'évolution du parcours

Auxiliaire de l'environnement

Protection des parcelles cultivées

Représentant des Agriculteurs

Surveillance et protection du site

Comité de gestion/ Comité de surveillance et d'accueil du site

Enregistrement des évènements se produisant dans la communauté, sur le site

Auxiliaire

Suivi sanitaire du troupeau

Auxiliaire d'élevage

Gestion de la petite caisse

Trésorier

Etc…

Etc…

 

¨      Lorsque le groupe semble être satisfait de la liste ainsi établie, demander au "secrétaire" de la session (un des participants sachant lire et écrire), de la porter sur du papier et de la relire au groupe.

¨      Expliquer qu'il s'agit là d'une manière d'enregistrer les informations qui se dégageront dans le courant du cycle d'animation, mais que dans la plupart des sessions à venir, il ne sera pas nécéssaire aux gens de savoir lire et écrire pour participer utilement.

¨      Expliquer que l'enregistrement n'est essentiel que lorsque les participants voudront se rappeler et réviser ce qui aura été fait.

¨      On peut cependant aussi utiliser les images pour enregistrer les idées qui sortent du brainstorming et de la discussion. Il est essentiel que l'information soit disponible à quiconque au cours des discussions, et c'est pourquoi le programme continuera de privilégier l'image par rapport à la chose écrite.

 

5 Applications/ transition (10 min)

 

                Féliciter les participants pour avoir identifié le "noyau dur" de leur organisation pastorale, et leur demander de noter ces idées pour les discuter avec le reste de la communauté. Leur demander comment ils pensent faire pour s'assurer d'inclure tout le monde (y compris les transhumants) dans ces discussions.

 

                Prévenir le groupe qu'on reviendra ultérieurement sur ce sujet pour réviser la liste des tâches et identifier qui devrait être chargé de les exécuter. Il s'agira en fait, de déclencher le processus de la "programmation" de la gestion des ressources qui représentera la deuxième partie du programme de formation.

 



MODULE # 4

ANIMATION
COMMUNAUTAIRE

PRÉVENTION & RÉSOLUTION
DES CONFLITS

 

 

PLANIFICATION PÉDAGOGIQUE

 

Situation désirée

 

                Tous les usagers sont conscients des conflits potentiels. Ils mettent en place les mécanismes visant à les prévenir et à les résoudre;

 

Situation actuelle

 

¨      Les usagers sont conscients de l'existence de conflits et de la menace de conflits potentiels, mais ils ne disposent pas de stratégies visant à les prévenir;

¨      ils sont démunis pour les résoudre lorsqu'ils se produisent;

 

Écart entre la situation actuelle et la situation désirée

 

¨      Insuffisance du pouvoir, des moyens, des stratégies, et des procédures visant à prévenir et à résoudre les conflits;

Objectifs poursuivis par le module

 

                Au terme de la session de formation, les participants seront en mesure d'identifier les conflits potentiels, de désigner les interlocuteurs concernés et de concevoir les stratégies de prévention.appropriées

 

ASPECTS LOGISTIQUES

 

Groupe cible :

Ensemble de la communauté, avec représentation de toutes ses composantes :

¨      Hommes-femmes

¨      Jeunes-vieux

¨      Pasteurs-agriculteurs, etc.

 

Exercice exploité par le module :

Brainstorming

Histoire interrompue

 

Support graphique

Pochette # 4

 

Durée approximative du module :

1 heure environ

Attention: Bien que ce module se trouve conclure le bloc pédagogique de l'animation communautaire, il est est recommandé de le traiter tout à la fin du cycle d'animation, aprés le module #38 sur la replanification.

 

 

 

 

Les participants classent les images des interlocuteurs du village selon qu’ils envisagent de les associer aux décisions de la communauté ou pas; (40/14)

 

 

PROCESSUS DE MISE EN OEUVRE

 

1.    Introduction :

 

Introduire ce module en notant que c’est le dernier du bloc pédagogique sur l'animation communautaire. Prévenir les participants que dans le cours du cycle d'animation, on fera fréquemment allusion aux conflits se produisant au sujet de l'accès aux ressources naturelles. C'est pourquoi il est nécessaire de prévoir les conflits potentiels pour mieux les éviter, et les résoudre lorsqu'ils se seront produits. Cela consistera à travailler étroitement avec tous les intervenants pour mieux atteindre les buts que la communauté s’est fixée.

 

2.    Les intervenants : exercice de l’inclusion/exclusion :

 

L'animateur aura pris soin de prélever dans les pochettes des modules antérieurs une dizaine d'images représentant les différents interlocuteurs du pasteur (transhumants, fonctionnaire, agriculteur, etc…).

Tracer alors sur une feuille du flip-chart une ligne verticale la divisant en deux parties égales;

 

Demander aux particpants de choisir entre les images qui leur ont été proposées, celles qui représentent les gens qu'ils pensent devoir associer à leur travail de gestion du parcours de celles des gens qu'ils pensent être inutiles, ou même néfastes, à ce processus;

 

Leur demander alors de coller sur la colonne de gauche les images des gens avec lesquels ils envisagent de travailler et de coller sur la colonne de droite les images des gens qu’ils veulent ignorer ou éviter.

 

Une fois que toutes les images auront été collées sur le flip-chart, couvir avec une feuille de papier la colonne gauche et demander aux participants: "Que penseriez vous si je vous disais que c’est précisemment avec les personnes que vous avec jugées inutile ou même néfaste d'associer à votre travail (collées sur la colonne de droite) que vous devez vous efforcer de travailler en premier. » Quelle serait votre réaction ? Observer la réaction des participants.

Poser ensuite une série questions pour analyser le raisonnement de cette proposition « surprenante ».

 

¨      Pourquoi faut-il chercher a travailler avec ces gens ?

¨      Quel est le danger d’éviter ou d'ignorer ces personnes ?

¨      Quels problèmes peut-on rencontrer ou créer en les excluant ?

 

Enchainer cette discussion avec un brainstorming des conflits potentiels.

 

3.      Brainstorming sur des cas de conflits concrets

 

Demander aux participants: Quels sont les types de conflits qu'ils ont déjà connu dans leur village?

Chaque fois qu'un type de conflit est avancé, donner au participant qui l'a évoqué l’image qui le représente, frappée d'un éclair (exprimant l'idée que "ça chauffe!"), par exemple:

 

¨      destruction des cultures ;

¨      destruction des arbres ;

¨      concurrence sur l’eau ;

¨      compétition sur le pâturage ;

¨      promiscuité des étrangers dans le village;

¨      feu de brousse,

¨      contagion des maladies, etc….

 

Une fois que les principaux types de conflits auront été identifiés, susciter une discussion entre les participants sur les conséquences négatives de ces conflits

¨      Quelles sont les conséquences de ces conflits? (sur la production ; sur l’ambiance dans le village ; perte du temps consacrée à la résolution du conflit une fois qu'il s'est produit, détérioration à long terme des relations avec le voisinage, etc…)

¨      Demander alors aux participants s'ils disposent de stratégies pour la prévention de ces conflits ? En quoi consistent ces stratégies ?

 

L'histoire qui suit consiste précisément à imaginer la façon de prévoir les conflits et de les prévenir avant qu'ils ne se produisent.

 

4.    Stratégie globale de prévention des conflits (histoire du village de Mardjandafack):

 

En s'appuyant sur une demi-douzaine d'images sélectionnées dans les pochettes des modules traités précédemment, raconter l'histoire du village de Mardjandafack:

 

 

Marjandafack était un village prospère, avec un organisation d’éleveurs dynamiques, qui avaient permis d’accroître la production agricole de façon considérable: Le bétail, le lait, le mil, le sorgho et le sésame étaient tellement abondants que le marché hebdomadaire de Mardjandafack était le marché le plus fréquenté de la région.

 

Les femmes de Mardjandafack se distinguaient aisément des femmes des autres villages grâce aux jolies parures et vêtements qu’elles portaient, et qu'elles se procuraient avec l'argent qu'elles tiraient de la vente des produits de l'agriculture et de l'élevage. Mardjandafack faisait alors l'envie de tous les villageois voisins autant sur le plan de son organisation, de celui de la gestion rationnelle de ses ressources, que des bénéfices de sa production.

 

Un jour de marché, toutes les conversations portaient sur la nouvelle d'un grand groupe de transhumants qui menaient leurs troupeaux vers le parcours que les villageois de Marjandafack avaient eu tellement de mal à améliorer. Les chefs des villages voisins se précipitèrent chez celui de Marjandafack en geste de solidarite, et pour lui offrir son assistance pour se défendre contre les étrangers.

 

Mais le chef de Marjandafack ne semblait pas vraiment préoccupé par la nouvelle; En fait, il avait déjà été informé par les intermédiaires de ces transhumants, qui avaient l’habitude de camper sur le terroir de Marjandafack chaque fois qu'ils se rendaient à leurs cures salées, dans le nord.. Le Comité de Gestion de Marjandafack était en contact avec eux depuis l’année précédente, et ensemble, ils avaient établi un protocole d’accord liant le village et les autres usagers du parcours. Le chef savait qu'il n'y avait pas vraiment de problème car le plan de gestion était aussi clair pour les transhumants que pour les villageois.

 

En fait, le chef du village était bien d'accord avec son comité de gestion pastorale qu'à condition que les transhumants acceptent de joindre leurs troupeaux à ceux des villageois, et par conséquent de respecter la discipline qu'ils s'imposaient à eux mêmes, leur séjour sur le parcours était positif. En effet, le passage de ce grand nombre d'animaux avait un effet bénéfique sur le sol et sur la végétation de leur pâturage.

 

En définitive, tout le monde était satisfait de cet arrangement: les villageois, les transhumants et leurs intermédiaires qui savaient qu'à condition d'imposer un minimum de contrôle à leurs troupeaux, ils étaient toujours bien accueillis par le village. L'autorité locale (le sous-préfet) qui était fatigué de devoir constamment régler les querelles qui apparaissaient dans de nombreux autres villages avec les transhumants, voyait aussi cet arrangement d'un bon oeil.

 

Le chef du village de Marjandafack dut avouer à ses voisins que le village avait bien connu des conflits dans le passé, mais que l'expérience avait montré que ces conflits étaient néfastes et faciles à éviter. Ce n’est pas toujours facile de se comporter en bon voisins, mais cela en vaut la peine! Les chefs des villages voisins prirent congé du chef du village de Marjandafack, en se sentant un peu moins jaloux et tout à fait désireux de trouver comment ils pourraient adopter la même approche qui leur permettrait, à eux aussi, de prévenir les conflits avec les transhumants.

 

 

5.    Exploitation de l’histoire et leçons à en tirer :

 

Encourager les participants à réfléchir à cette histoire et à en tirer des conclusions sur la nécéssité d'avoir une stratégie de prévention des conflits, au moyen d'une série de questions comme par exemple:

 

·        Souvenez vous d'un des premiers modules de la session de formation, celui du "tout à gérer": les transhumants font-ils partie de ce tout à gérer? Qu'est ce que cela implique?

·        Pensez vous que Marjandafack ait une réelle stratégie de prévention des conflits?

·        Si c'est le cas, en quoi consiste cette stratégie ?

·        Pourquoi, selon vous, est-ce que ce village a choisi cette stratégie plutôt que, par exemple, de résister à la venue des transhumants?

·        Comment les choses se passent-elles quand les transhumants arrivent à proximité du village?

·        Pensez-vous que les choses se passeraient de la même façon si les villageois n'avaient pas adopté leur stratégie ? Comment se passeraient-elles?

 

6. Dégager la stratégie de prévention des conflits

 

Revenir sur l'histoire du village de Marjandafack et demander aux participants de s'efforcer de reconstituer la stratégie qui a été décrite, afin de leur permettre de l'appliquer á leur propre communauté:

               

Au lieu d'imposer aux participants les différentes étapes de cette stratégie, faire en sorte qu'elle se dégage des questions et de le discussion: Chaque fois que l'idée d'une chose à faire est soulevée, sortir l'image correspondante;

 

·        Identifier tout d'abord les intervenants avec lesquels des conflits pourraient se produire (groupes de transhumants, commerçants, voisins, etc…): comment les identifier?

·        Trouver les circuits de communication qui permettraient de communiquer avec eux avant que la situation de crise ne se produise (avant leur arrivée): comment les contacter?

·        S'entendre avec eux sur les moyens de prévenir l'apparition des conflits sur les raisons potentielles d'un tel conflit: accès à l'eau, pâturage, lieu de campement, etc…: Comment en discuter?

·        Concrétiser un accord mutuel, soit informel, soit avec l'appui de l'administration, indiquant les droits et devoirs de toutes les parties: Comment conclure un tel accord?

·        S'engager dans l'exécution de cet accord par exemple, au moyen de la création d'une commission de surveillance qui prendra les visiteurs en charge à leur arrivée pour leur expliquer les règles de gestion du plan: Comment s'assurer que cet accord sera effectivement appliqué?

·        Au cas où un conflit surgirait malgré ces dispositions, prévoir un système visant à résoudre les conflits une fois qu'ils sont apparus: Comment résoudre les conflits "à l'amiable" en faisant le moins possible appel à l'administration?

 

A la fin de l'exercice, demander à quelqu'un de synthétiser les étapes qui auront été identifiées au cours de la discussion.

 

7.Application

 

Une fois que les participants auront semblé être convaincus de la nécéssité d'aborder les conflits avant qu'ils ne se produisent, plutôt qu'aprés, et qu'ils auront formulé des propositions concrètes sur les actions envisagées pour la mise en oeuvre d'une telle stratégie, terminer la session en remarquant que cette réflexion devra se poursuivre après le cycle d'animation. Si les participants n’ont plus de questions ou de commentaires sur le contenu du module, leur montrer le badge qui représente la "prévention des conflits” et le placer à coté des trois autres badges du bloc pédagogique "animation communautaire" qui ont été étudiés au tout début du programme de formation.

 

8.Images en désordre : clôture du programme de formation

 

Attention: Le paragraphe ci dessous ne s'applique à ce module que lorsqu'il sera traité à la fin du cycle d'animation: Si ce n'est pas le cas, exploiter ces informations au terme du dernier module qui aura eté couvert par le cycle.

 

Remercier les participants d’avoir participé au cycle d'animation jusqu’à la fin. Annoncer qu'il s'agit de terminer le cycle comme on l’a commencé : avec des images. Placer les images sur la natte (on pourra ajouter les images d'autres modules, des badges, etc….) et demander aux participants de créer avec ces images une histoire qui exprime les sentiments qu'ils éprouvent à la fin du cycle d'animation. Ils peuvent utiliser n’importe quelles images, et imaginer n'importe quel scénario: par exemple, du plus sérieux (synthèse du modèle) au plus frivole (imitation des tics et comportements de l'animateur et des personnes ressources);

 

L’animateur se retirera pendant quelques minutes, laissant les participants libres de créer leur histoire. S'assurer que les femmes et les jeunes sont aussi associés, et que leurs sentiments sont aussi reflétés dans l’histoire.

 

Inviter les participants à raconter leur histoire. Applaudir a la fin. Inviter les participants, y compris les femmes et les jeunes, à commenter ce qui s'est passé au cours de ces nombreux jours d'animation, et à faire des recommandations pour de programmes similaires, qui pourraient être organisés avec eux, ou avec d'autres communautés, dans le futur.

 

NOTE AU FORMATEURS

 

q       Voici l'exemple de la stratégie de prévention des conflits utilisée par les communautés pastorales du PPPOA au Tchad :

·        Identifier les autres usagers

·        Informer les autres usagers à travers leurs garants/intermédiaires si possible

·        Expliquer à l’arrivée des transhumants les objectifs, les procédures, les obligations, et la discipline communautaire;

·        Etablir un protocole d’accord au sein de la communauté ouvert a tous ceux qui désirent y être associés - protocole oral ou écrit ; informel ou approuvé par l’administration

·        Incorporer les troupeaux des outsiders dans le Plan de Gestion

·        Payer des redevances pour l'utilisation de l'eau et la rémunération des puisatiers;

·        Décider des recours à employer au cas où un conflit éclaterait malgré la mise en oeuvre de la stratégie

·        Demander enfin au groupe de s'assurer qu'un maximum de membres de la communauté puisse participer au module suivant visant à établir les buts de la communauté.